Le GR® de Pays de
la Haute Cévenne d'Ardèche (2020)
Randonner sur le GR® de Pays de la Haute Cévenne d'Ardèche, c'est s'aventurer sur 70 kilomètres de petits chemins et découvrir au détour d'un sentier, un hameau de caractère, une rivière, une cascade… Une immersion au cœur du parc naturel régional des Monts d'Ardèche et de territoires façonnés par l'agropastoralisme. Ou comment percevoir toute l'ingéniosité des Cévenols pour tirer parti d'un environnement difficile, en parcourant chemins "caladés", drailles de transhumance ou sentiers de muletiers, et en croisant terrasses, châtaigneraies, béalières ou moulinages.
Dénivelé + : 2700 m
Dénivelé - : 2700 m
Altitude maxi : 1410 m
Distance : 77 km
Grâce à son art de vivre, ses richesses patrimoniales et ses grands espaces, l’Ardèche s’est au fil du temps révélée comme un territoire d’exception. Cette reconnaissance s’est traduite par la création du parc naturel régional des Monts d’Ardèche en 2001. Celui-ci recèle des trésors pour le géologue averti ou amateur. Rien ne manque pour une approche complète de la géologie, toutes les ères y sont en effet représentées depuis plus de 550 millions d'années. Afin de valoriser ce riche géopatrimoine, le parc naturel régional des Monts d'Ardèche est bénéficiaire depuis septembre 2014 du label Geopark mondial UNESCO.
Boucle de 3 jours (au lieu de 4 à 5) en autonomie complète avec tente. 77 km, 2700 m de dénivelé, point culminant : 1410 m.
Poids du sac à dos : 8,5 kg et 11 kg au départ avec eau et nourriture.
Jour 1 : Lachamp-Raphaël - Burzet
D+ : 305 m, D- : 1110 m, D : 18,9 km
Je commence cette boucle à 8 h comme prévu. Ce qui est moins prévu, c’est la température un peu fraîche : 6°C. Direction le sommet du Suc de Montivernoux à 1441 m, formé par des coulées volcaniques et où se trouve un calvaire de 3 croix, ce qui est assez rare. Là, c’est une vue panoramique à 360°, non seulement sur le Mont Gerbier de Jonc et le Mont Mézenc, mais également sur les Alpes et le Mont Ventoux, au cœur de la montagne ardéchoise.
En descendant, je chute lourdement en me prenant les pieds dans une racine. Ou peut-être que ce sont les chaussures neuves trop souples à mon goût. Bref, plus de peur que de mal, mis à part le genou qui tape contre un rocher et qui me fait un peu boiter.
J’ai prévu cette ascension dès le début de cette randonnée de 3 jours pour éviter de la faire à la fin, fatigué et pressé de rentrer. Donc, je repasse devant la voiture et je démarre véritablement ce GR® de Pays à 9 h ½. Je descends 400 m de dénivelé pour rejoindre la D215. Ensuite, c’est une magnifique forêt avant d’arriver à Péreyres vers midi où je me pose pour le casse-croûte. Au menu, pissaladière maison et pâte de fruit.
Avant de repartir, je croise le sourire de la factrice. Un panneau indicateur mentionne Burzet à 6,6 km, ce qui fait donc une arrivée en début d’après-midi. Mais avant cela, je longe la rivière la Bourges, passe à Issarfol, limité à quelques ruines, puis à Chastagnas.
En arrivant à Burzet et ses châteaux en ruine, je me trouve rapidement dans la rue principale après un passage vers l’église. A la sortie de la petite ville, j’arrive au camping municipal que j’ai repéré sur la carte. Tout est fermé, la barrière, l’accueil, les blocs sanitaires. Je me pose tout de même et commence à installer la tente. Je ne vois personne et profite donc seul de la rivière en contrebas pour la toilette et la vaisselle. Dodo de bonne heure pour être en forme pour l’étape de demain, plus difficile. De plus, malgré le beau temps, de fortes rafales de vent viennent secouer la tente. Je suis donc inquiet pour cette nuit.
Jour 2 : Burzet - Le Mazel
D+ : 1250 m, D- : 1200 m, D : 32,7 km
Départ 6 h 45 après une nuit bien agitée comme je le craignais. Je n’ai pas beaucoup dormi à cause des rafales de vent qui m’ont fait un peu flipper. Je décide de ne partir qu’avec ½ litre d’eau puisque je traverse plusieurs villages, ce qui me fait tout de même 1 kg en moins à porter.
Après 2 heures de grimpette, j’arrive au col de Moucheyre et je redescends aussitôt sur Labastide-sur-Besorgues. Rien d’exceptionnel à part la présence d’un point d’eau à côté des WC publics. Ça peut sembler futile mais pour un randonneur ces détails pratiques comptent beaucoup.
Je passe à Juvinas où je prends l’église en photo, puis au col d’Aizac après une bonne grimpette dans les feuilles mortes depuis le Moulin de la Coste. C’est ensuite la descente sur Antraigues-sur-Volane, petit village cévenol perché, bien connu grâce à Jean Ferrat, mais aussi l’artiste peintre Jean Saussac et le poète et chanteur Allain Leprest.
C’est d’ailleurs en chantonnant que je me trompe de chemin. Je le rattrape rapidement à hauteur du Pont de l’Huile (ancien moulin qui produisait de l’huile de noix). Je monte au village en m’arrêtant quelques instants au cimetière, puis me pose sur la place pour le repas de midi. Je m’étais fait une joie de visiter à nouveau le village, mais tous les commerces sont fermés, suite au confinement. Il n’y a aucune vie, c’est presque lugubre. Le café-restaurant de la place "La Montagne" essaie de survivre en proposant des plats à emporter. Bref, le cœur n’y est pas. Il va falloir revenir.
Je quitte Antraigues vers 13 h 30 et je réalise que la journée est loin d’être finie. Je poursuis donc jusqu’à Saint-Andéol-de-Vals, charmant petit village avec ses calades et ses maisons anciennes. Et j’arrive au Mazel, hameau connu pour le moulin de Raoul en cours de restauration, avec une association, un blog…
Après 11 heures de marche, 33 km et 1250 m de dénivelé, je décide de me poser en voyant un robinet et un peu de verdure fraîchement tondue. Le propriétaire des lieux accepte gentiment que je m’installe devant chez lui. C’est ce qui s’appelle dormir chez l’habitant, même si c’est dehors.
Je plante donc la tente sous une pergola, fais une toilette rapide et prépare le dîner. La propriétaire des lieux me propose même un œuf sorti tout frais du poulailler. C’est pas gentil, ça ? Je m’enfile ensuite sous la tente et j’entends peu après une voix d’enfant qui s’approche. Je prononce 2 ou 3 mots et le gamin s’enfuit en courant, en répétant : "c’est une tente qui parle, c’est une tente qui parle…". Je m’en veux encore de l’avoir effrayé ainsi.
Jour 3 : Le Mazel - Lachamp-Raphaël
D+ : 1165 m, D- : 410 m, D : 25,4 km
Après une nuit également ventée et donc peu reposante, départ 6 h 20, direction Saint-Joseph-des-Bancs où je passe rapidement. À partir de là, le sentier est envahi par la végétation jusqu’à hauteur de cuisses. J’aime bien voir où je mets les pieds et c’est loin d’être le cas. Encore quelques mois et ça va être compliqué !
En moins de 2 heures, j’atteins Conchis où un panonceau mentionne le col de Mézilhac à 15 km. Ça sape un peu le moral. Heureusement que le sentier est magnifique jusqu’à Gamondes, à flanc de montagne, même si le vent est toujours présent et me déséquilibre à plusieurs reprises.
Un peu de goudron jusqu’à La Bisette et de nouveau des paysages extraordinaires à perte de vue, à 1200 m d’altitude. C’est ensuite une longue descente, il faut bien descendre de la montagne, sur une large piste forestière jusqu’à Mézilhac où je fais une courte pause à côté de l’église, mais surtout à coté d’un robinet. Mais là, mauvaise surprise ! L’eau empeste le goudron avec une odeur et un goût insupportables. Ce matin, je suis parti avec 1 litre ½ d’eau, mais là, je suis à sec. Je décide quand même de remplir une bouteille.
Une fois au col, j’avais prévu de faire une variante et passer à Sardige pour admirer notamment le four à pain. Mais comme je me "traîne" un peu, je suis la trace théorique et arrive par de belles prairies à proximité du Suc de Montivernoux, la petite difficulté du début. Je termine par plus de 2 km de goudron et arrive à mon point de départ, Lachamp-Raphaël, le plus haut village d'Ardèche à 1320 m d’altitude. Vous savez quoi ? Je suis content d’enlever les chaussures de randonnée. Elles ne sont plus neuves, mais moyennant quelques ampoules.
Conclusion : très belle randonnée, avec un temps magnifique même si le vent était fort parfois. La compagnie des genêts et des grillons était bien agréable. Peu de randonneurs rencontrés mais des sourires inoubliables dans les villages. En Ardèche, ça monte et ça descend, le plat ne dure jamais très longtemps. En ce qui concerne le balisage, il est loin d'être irréprochable. J'ai dû sortir le GPS à plusieurs reprises alors qu'il suffirait de quelques coups de pinceaux à certaines intersections, surtout dans la seconde partie. Pour terminer, n’oubliez pas qu’il est interdit de ramasser les châtaignes, celles-ci constituant le revenu des agriculteurs.
Commentaire de Marie V., le 21/05/2020
Bravo pour cette belle remise en jambes et merci de ce beau reportage ! Tes photos sont magnifiques, on a envie de rester pour admirer ces paysages.
Commentaire de Isabelle D., (Loutre & Marmotte), le 21/05/2020
En plus d'être fou, tu fais peur aux enfants :-) Mais pas à la factrice ! Félicitations pour cette reprise ardéchoise.
Commentaire de François D., le 21/05/2020
Belles images pour une reprise, ça me servira pour un éventuel passage sur ces terres Ardéchoises.
Commentaire de Françoise V., le 22/05/2020
Félicitations à "la tente qui parle". Quel courage, mais que de souvenirs ! Dommage de ne pouvoir faire la même chose.
Commentaire de D'jack, le 23/05/2020
Je viens de visionner "les Cévennes"... j'y ai passé 1 mois en 85 ... Saint-Michel-de-Dèze ... entre Alès et Florac ... Cette remise en mémoire m'a fichu un coup de vieux mais quels bonheurs TES photos ... merci "vieux fou" ...
Commentaire de Dominique G., le 23/05/2020
Joli, joli !!!
Commentaire de Martine M., le 28/05/2020
Superbes photos et superbes paysages. Quel courage ! Merci pour ce partage, ça donne vraiment envie de remettre les chaussures de rando et d'accrocher le sac à dos.
Comme vous avez tout lu jusqu'à la fin, je vous offre quelques minutes de détente : la vidéo des meilleurs moments de ce GR® de pays.
Pour des images plus grandes, cliquer sur la galerie et utiliser les flèches du clavier :-)
