Les 3 Mare a mare
(2016)
Suite
MARE A MARE NORD (le plus long, le plus dur)
Cargèse à Moriani Plage
145 km, dénivelé positif 6300 m
Jour 10
Départ de Cargèse avec regrets, suite à différents souvenirs entre amis il y a quelques années. Il est à noter que c’est la seule ville non construite par les corses, mais par les grecs. Montée en terrain découvert, puis redescente jusqu’au niveau de la mer pour remonter par une longue piste carrossable jusqu’aux bergeries de Santa Lucia. C’est bizarre, c’est comme si tout s’était arrêté subitement, aucune vie mais les outils sont encore dehors, prêts à servir. Ensuite, "grimpette" avec de beaux points de vue sur les golfes et tours génoises autour de Cargèse. Arrivée au refuge, car il s’agit bien d’un refuge où j’attends le gardien. La différence avec un gîte, c’est peut être les WC "à la turc", mais sinon tout y est, même le papier toilette. Lessive proscrite. Attention, l’installation électrique est sous 24V grâce à quelques panneaux photovoltaïques. Je fais la connaissance de 2 jeunes filles allemandes.
Refuge "E Case", Revinda 20130 Cargèse
04 95 26 48 19, 04 95 51 79 10
Gardien un peu bourru mais très serviable, bonne literie.
Jour 11
Très belle étape sur terrain caillouteux, me rappelant le GR 20, avec de très beaux points de vue à 360°. Passage à Marignana, et arrivée à Evisa après 9h de marche. Arrêt au seul bar ouvert pour la Pietra journalière.
Gîte d’étape "U Poghju", 20126 Evisa
04 95 26 21 88, 06 80 83 86 47, gite-etape-upoghju@orange.fr
Bon accueil, très bon repas (sanglier tué la veille arrosé au vin rouge).
Jour 12
La plus longue étape de mon périple, 10h30, mais aussi la plus belle : chemin des châtaigniers, forêt d’Aitone, col de Vergio, bergeries de Radule où je croise à nouveau le GR 20 et donc beaucoup de monde, cascades et longue descente pour arriver à Calacuccia et son lac. Lac d’ailleurs bien en-dessous de son niveau habituel, suite au manque d’eau de ces derniers mois. Ne pouvant bénéficier des bungalows déjà occupés, je suis en fait logé dans un hôtel, vieux bâtiment de 1927 qui a dû avoir son heure de gloire il y a quelques années, l’"Hôtel des Touristes". Le restaurant, de l'autre côté de la rue, est une très bonne alternative pour le repas du soir.
Gîte d'étape / Hôtel des Touristes 20224 Calacuccia
04 95 48 00 04, j-e.mordiconi@wanadoo.fr
Bon accueil, chambre spacieuse.
Jour 13
Après avoir quitté Calacuccia et traversé le barrage sous la pluie, je me ravise et décide de rejoindre Corte en auto-stop. Après quelques minutes, je suis pris par un automobiliste du continent. Nous traversons la Scala di Santa Regina, unique voie de circulation entre le Niolu et la plaine. Puis, entre 2 averses, je visite Corte, le bar "Le Cyrnéa", le cours Paoli, la place Gaffory, la citadelle bien sûr…
Jour 14
Aujourd’hui, il s’agit d’une "variante". Au programme, l’Arche de Corté ou Arcu di Scandulaghja, sculpture granitique situé à 1500 m d'altitude, et surplombant la vallée du Tavignano. Pour ne pas faire comme les autres, je continue vers les bergeries de Padule où je fais la connaissance d’un berger et de sa femme. Un couple très sympathique, qui après leur avoir rendu un petit service, m’ont offert non seulement la table pour le repas, mais également une bière, un café et la myrte qui va avec. Très belle rencontre. Descente par la belle forêt de Forca, et pour terminer, passage dans le maquis, le vrai, celui qui arrache les mollets.
Gîte d'étape "U Tavignanu" 20250 Corte
04 95 46 16 85
2 nuits passées dans ce gîte qui était bien côté il y a quelques années. Ce n’est plus le cas. Il faut s’avoir s’arrêter de travailler après un certain âge. Le couple propriétaire est devenu désagréable, le repas du soir n’est plus assuré (il faut donc retourner en ville) et le petit-déjeuner se compose du strict minimum. Aucune prise 220V accessible.
En plus, malgré un traitement récent à base de cortisone et d’antibiotiques, des boutons et plaques rouges sont réapparus sur les bras, le dos… Il est temps que ça se termine.
Jour 15
Je quitte Corte, après avoir passé quelques coups de fil. Eh oui, il y a une vie après la Corse ! Je passe Santa-Lucia-di-Mercurio, Castellare-di-Mercurio et j’arrive à Sermano, berceau des chants polyphoniques corses. Le gîte est un peu plus haut. Là, Sandrine vous accueille avec sa gentillesse et son sourire. Repas en terrasse devant les plus hauts sommets de Corse : Monte d’Oro, Monte Cardo, Monte Rotondo… et Monte Cinto.
Gîte d'étape U San Fiurenzu, Sandrine Giudicelli 20212 Sermano
04 95 48 68 08, 06 13 17 84 94, usanfiurenzu@gmail.com
Très beau gîte où je suis seul. Propre et fonctionnel. Ce qui fait la différence avec d’autres : la triplette à disposition, par exemple. Repas excellent du début à la fin, y compris la myrte. Vous pouvez y aller les yeux fermés.
Jour 16
Départ, encore une fois, au lever du jour, puisque je "double". Arrêt à Alando et sa table d’orientation avec vue à 360°. Là également, tous les plus hauts sommets de Corse. Petit raccourci pour éviter Pianello, passage dans le remarquable village de Perelli et arrivée à Castagneto où Patricia m’attend pour m’indiquer le gîte. Longue étape de 10h de marche où j’ai pu ravitailler en eau sans problème. Entre les robinets dans les villages, les fontaines et les sources, l’eau cette fois, ne manque pas.
Gîte communal de Castagneto, Patricia Battaglia 20234 Valle d'Alesani
04 95 35 94 74, 06 23 74 34 38, p.bat@sfr.fr
Seul dans le gîte. Bon accueil de Patricia qui se bat pour faire vivre et animer le village, la région et les sentiers. Elle assure le repas du soir malgré la fermeture du restaurant du village.
Jour 17
Dernière étape pour rejoindre le littoral. Petit "coup de cul" jusqu’à la chapelle Sant’ Alessio, en compagnie d’une horde de mouches ou moucherons assez désagréable. Est-ce la faute du fromage corse que je ramène dans le sac à dos ? Dernier repas de midi, au bord de l’eau, en compagnie de petits cochons. Pour le dessert, je cherche des mûres. Longue descente de plus de 1000 m de dénivelé, en passant par le charmant village de San-Nicolao et son église remarquable, classée aux monuments historiques. Arrivée à Moriani Plage à 15h30 après quelques kilomètres de goudron inévitables. Une dernière Pietra et auto-stop jusqu’à Lucciana où j’ai réservé une chambre d’hôte.
Chambre d'hôtes "A Casa di i Culori", Catherine Barresi, Linari 20290 Lucciana
06 75 19 60 44, a.casa.di.culori@gmail.com
Très belle chambre et très bon accueil de Catherine et sa famille. L’animation est assurée par ses 3 adolescents et notamment Eva, la chanteuse de la famille.
Conclusion
Je suis resté en Corse plus de 17 jours, les 3 Mare a mare représentant 15 jours de marche, plus de 300 km et 14000 m de dénivelé positif. Le temps restant correspond aux liaisons en auto-stop entre les 3 sentiers et la variante sur Corté. J’ai souvent été seul dans les gîtes, presque toujours seul sur les sentiers (euh, ce n’est pas volontaire), mais les rencontres, elles, sont inoubliables. Les "petits plaisirs" étaient l'Orezza (eau gazeuse), la Pietra (bière locale), la charcuterie corse... et bien sûr l'humour corse. Petite phrase entendue : "on a du mal à faire la différence entre une réplique verbale et une réplique avec le fusil." Les principales difficultés consistaient à gérer les repas de midi, les petits bobos et l’accumulation de la fatigue. Les nombreuses piqûres provoquant rougeurs et plaques n'étaient pas dues à des punaises de lit (avis médical). Un seul regret, celui de ne pas avoir pu "faire" le Monte Cinto, faute de temps, mais aussi faute de coéquipier.
Je tiens à remercier la famille et les amis proches, pour leur soutien quasi quotidien, et à qui j’envoyais régulièrement des nouvelles et quelques photos par Facebook. Merci enfin à Marie, qui continue à me faire confiance en me laissant partir, seul, avec mon sac à dos.
Quelques informations indispensables :
Coût du périple : 1200 € dont 200 € de logistique (train, avion)
Perte de poids du bonhomme : 5 kg
Consommation eau : 2,5 l minimum par jour.
Photos : plus de 500 prises de vues, 135 fichiers après tri et retouche.
Matériel : 5,4 kg sur le dos, hors consommables.
Casse : une pointe de bâton.
Je voudrais attirer l’attention des responsables du Parc Naturel Régional de Corse. Je vais d’ailleurs leur envoyer mes propos. Les sentiers Mare a mare sont tout simplement en train de disparaître, tout du moins sur certaines portions. J’ai constaté un manque évident d’entretien. A certains endroits, la végétation reprend le dessus et il est très difficile de passer à travers les ronces. Le sol est par endroit défoncé par les sangliers. Aux abords de certains villages, j’ai dû marcher sur des tas d’immondices. Il y a également un manquement au niveau balisage. J’ai dû sortir le GPS à plusieurs reprises, notamment entre Corté et Moriani. Soit le marquage orange a disparu, soit les panneaux indicateurs donnent des informations erronées. Je ne demande pas de refaire entièrement le balisage, mais de le renforcer lors de bifurcations ou intersections.
Il y a également un travail de mise en valeur de ces 3 sentiers Mare a mare sud, centre et nord. Il n’y a pas que la réserve de Scandola ou le GR 20 sur l’île de beauté. Je précise que j’ai fait ce dernier il y a 6 ans. Je parle donc en connaissance de cause. Le GR 20 ne permet pas de connaître la Corse, de passer dans les villes et villages et donc de consommer, de rentrer dans les petits commerces. Certains corses, eux-mêmes, ne connaissent pas l’existence de ces Mare a mare. Pourquoi tous les hébergeurs que j’ai rencontrés (hôtel, gîte ou refuge) se plaignent du manque de randonneurs et surtout cette année 2016 ? La crise, le manque de pouvoir d’achat et les attentats n’expliquent pas tout. S’il vous plait, Messieurs, n’oubliez pas d’entretenir ces sentiers transversaux et d’en faire la promotion en faisant intervenir les acteurs et les décideurs. Les Mare a mare le méritent. Ils sont magnifiques.
Commentaire de Marie V., le 11/09/2016
Bravo, super... C'était un sacré challenge et tu l'as fait.
Commentaire de Catherine Barresi (A Casa di i Culori), le 19/09/2016
Merci Bruno. Un vrai plaisir de vous lire... A un de ces jours peut-être. Amicalement.
Commentaire de Sandrine Giudicelli (U San Fiurenzu), le 19/09/2016
Merci pour le partage c'est très gentil. J'espère que tout c'est bien passé pour vous, que vous avez passé de bonnes vacances. Peut être à une prochaine fois.
Commentaire de Marie V., le 20/09/2016
Alors moi, je suis doublement voire triplement contente... Que tu aies eu ce projet... Que tu le réalises de bout en bout, malgré les petits désagréments... Et, surtout que tu ME reviennes, hi, hi,hi ! Bravo pour ce magnifique périple et merci pour le reportage que tu nous proposes.
Commentaire de François L., le 20/09/2016
Merci Bruno du partage, belles photos, ça donne envie :)
Commentaire de Françoise V., le 20/09/2016
Superbes photos. Ça fait envie, mais il me faudrait 40 ou 50 ans de moins. Cela représente tout de même beaucoup d'efforts et pas mal de souffrance; mais c'est ça qui garde jeune et donne le moral. Continue!
Commentaire de Cécile V., le 20/09/2016
Et ben dis-donc, on peut dire que tu connais maintenant la Corse, en long, en large et en travers! Effectivement le Monte Cinto a l'air de valoir le coup. Ça peut peut-être faire l'objet d'une prochaine excursion. Je pense que Christophe et moi serions bien tentés, si toutefois on parvient à se débarrasser des mômes. Vivement ta prochaine excursion!
Commentaire de Charles V., le 24/09/2016
Tu as manqué ta vocation de reporter. Bien que parfois ça n’a pas été rose, j’en suis certain que tu es prêt à recommencer. Je ne peux que te dire d’en profiter car ce n’est pas à mon âge et vu mon état de santé que...
Commentaire de Jean-Philippe M., le 06/10/2016
J'espère que tout va bien après cette virée corse, et que tu as pu récupérer après ces mésaventures... Pas trop dure la vie sous cortisone lorsque l'on grimpe, marche, et avale de ces dénivelés ? Tu m'impressionnes, chapeau bas. J'ai vu tes photos, c'est sûr que certaines vue sont impressionnantes, et que de paysages sympas. Merci de ces partages.
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