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Le GR® 67 :
tour du pays cévenol (2018)

Le GR® 67 se situe dans les Cévennes, dont il fait approximativement le tour, à cheval sur 2 départements : le Gard et la Lozère. Il s’agit d’une boucle qui peut être parcourue en 6 jours, jalonnée de gîtes d'étape. À part un point bas à Anduze, le tour s'effectue presque intégralement à des altitudes situées entre 600 et 1100 m en longeant des crêtes et des drailles.

Les Cévennes sont une région située en bordure méridionale du Massif Central, sur le versant méditerranéen, entre les sources de l’Ardèche et de l’Hérault. Nature belle et rebelle, farouche et généreuse tout à la fois, dont le paysage fût entièrement redessiné par la main de l’homme qui y créa bancels, faysses et accoles : terrasses aménagées pour la culture de la vigne, des mûriers et des céréales. Et ceci avec un habitat tantôt de schiste, tantôt de granit, couvert de lauzes, qui se confond dans l’environnement. 

Sur les crêtes, entre Saint-Jean-du-Gard et le Mont Lozère, les  "drailles" sont des passages utilisés par les troupeaux pendant la transhumance de printemps vers "l’estive", et pour le retour à l’automne vers la plaine. Du sommet du Mont Aigoual à celui du Mont Lozère, le spectacle est permanent et grandiose. Un souffle vivifiant aère les forêts profondes et les gorges escarpées. Les ruisseaux, de chutes en cascades, sont prétextes à autant de haltes bienfaisantes aux pieds des randonneurs.

Les Cévennes sont un pays de caractère, façonné par des hommes de caractère pour qui le partage de leurs savoir-faire est devenu source de richesse. Son atout majeur est sans doute l'attirance que suscite sa nature généreuse. Le patrimoine cévenol est tout aussi attachant. L'architecture, au service du quotidien et de l'utile le plus souvent, est un modèle d'intégration dans le paysage. Petits ponts, chapelles, terrasses, escaliers, toitures reflètent l'âme du pays. L'histoire fortement marquée par les guerres de religion, principalement la Guerre des Camisards, rappelle que les chemins qui sillonnent les Cévennes sont des véritables chemins de tolérance.

 

Sources : GR67.com et Wikipedia

Voici le récit complet de mon GR® 67, réalisé fin juin avec un grand soleil, moitié en gîtes et moitié en bivouacs. J’ai mis 3 jours ½ au lieu des 6 jours habituels pour faire, seul, les 125 km et les 3500 m de dénivelé.

Jour 1 : Anduze - col de l’Asclier (905 m)

33 km, 1430 m de dénivelé +, 9 h ½ de marche

Je pars d’Anduze et sa Tour de l’Horloge du XIVe siècle, mais aussi sa misère sociale (Anduze est classée parmi les 10 villes les plus pauvres de France) un peu avant 8 h. Les cinq premiers kilomètres se font sur macadam, ce qui est un peu pénible. Arrivée à Saint-Félix-de-Pallières, minuscule village avec ses vieilles maisons et son église romane du XIe siècle qui mériterait d‘être mise en valeur. On devine également les restes d’un ancien château. Je passe ensuite devant un temple protestant. Le protestantisme est toujours très présent dans les Cévennes. Ayons une pensée pour ces Camisards qui se soulevèrent contre Louis XIV, suite à la révocation de l’édit de Nantes. Après 4 h de marche les choses sérieuses commencent, puisque j’arrive au col du Rédarès après une montée agréable. Une heure plus tard, je me pose devant la mairie de Colognac pour le déjeuner, sur un banc public et à l’ombre (vu la température, c’est mieux). Je passe ensuite devant le gîte d’étape et continue, car évidemment, il est trop tôt pour s’arrêter. Je passe le col des Fosses, puis un mas (prononcez le s) "Les Fosses aux Loups", structure d’hébergement proposant cabanes et yourtes. Le sentier brille de mille éclats, comme si du verre était par terre. En fait, il s’agit du schiste qui brille au soleil. Plus tard, c’est le col du Fageas et ses équipements de télécommunications. Et enfin, après une descente scabreuse dans un pierrier, le col de l’Asclier où je découvre la source dont on m’a parlé à plusieurs reprises. Je peux donc m’installer sereinement pour mon premier bivouac, avec en plus une belle table + bancs et vue sur la vallée. Que du bonheur même si je ressens la différence de poids du sac à dos (13 kg tout compris) avec les derniers treks. Au menu : poisson + riz et crêpe chocolat. Je ne profite même pas du coucher du soleil tellement je suis fatigué !

Jour 2 : Col de l’Asclier - Barre-des-Cévennes

38 km, 970 m de dénivelé +, 10 h de marche

Après le petit-déjeuner et pliage de la tente, départ à 7 h avec les premiers rayons de soleil. J’arrive facilement au col de l’Homme Mort. Pourquoi ce nom ? D’autant plus que j’ai déjà trouvé cette dénomination dans d’autres régions. Je remarque qu’il y a plusieurs GR® qui se confondent ou se croisent. Il faut donc faire attention à chaque intersection et ne pas se fier au seul marquage blanc/rouge. Je souligne d’ailleurs le travail remarquable de balisage au niveau des panneaux indicateurs. Je passe devant quelques bâtisses en ruine. Le sentier est bien roulant, contrairement à hier. J’arrive au col du Pas après 2 h ½ de marche. Il y a là un monument, style Croix de Lorraine, érigé à la mémoire des résistants du Maquis des Cévennes. J’y relève ces mots qui m’interpellent : "ni les discours ni les cérémonies n’ont fait la force de la Résistance". Une heure plus tard, j’arrive au gîte de Aire de Côte (1085 m) où je m’arrête pour prendre un café et profiter de ce petit plaisir. J’y suis bien accueilli par une dame souriante, mais le devoir m’appelle. Je repars par un chemin forestier, qui correspond également au GR® 7. Tiens, ça me rappelle des choses. Aujourd’hui dimanche, je rencontre quelques randonneurs, des cyclistes et même des traileurs. Après le col de Salidès, dont je trouve l’accès interminable, le sentier est à découvert, ce qui permet d’admirer les impressionnantes falaises du Causse Méjan. Plus loin, je peux imaginer Florac. J’arrive à l’Hospitalet, où j’ai réservé. Mais devant l’ambiance sonore (cris et hurlements), l’état des lieux (délabrement du gîte) et l’accueil (le petit-fils se demandant ce qui lui arrive), je décide de poursuivre jusqu’à Barre-des-Cévennes. J’appelle Sébastien au gîte de départ qui me communique les coordonnées de 2 établissements. Finalement, j’opte pour le gîte d’étape / camping à la sortie du village, après tout de même 7 km de plus, et donc 10 h de marche. A peine arrivé, et sur les conseils des propriétaires, je crapahute sur la barre rocheuse surplombant le village, à 1015 m d’altitude, pour admirer le panorama permettant d’apercevoir le Mont Lozère et le Mont Aigoual.

 

Gîte d’étape / camping "La Croisette"

48400 Barre-des-Cévennes, 04 66 45 05 28, 06 68 26 28 38

cevennes-gitetape.fr, infos@cevennes-gitetape.fr

Très bon accueil, chambre fonctionnelle, repas copieux (je n’avais plus faim pour le sanglier après la soupe et les 2 entrées).

Jour 3 : Barre-des-Cévennes - intersection GR® 44B (900 m)

31 km, 800 m de dénivelé +, 9 h de marche

Je commence la journée à 7 h, toujours avec un soleil radieux. Je longe la départementale 13 pendant un long moment, tout en étant à côté évitant ainsi le macadam. Après plus de 1 h ½, j’arrive au col de Fontmort, joli site boisé où une stèle est érigée pour commémorer le 150e anniversaire de l’édit de tolérance, concernant les martyrs du protestantisme. J’emprunte ensuite pendant quelques minutes le GR® 70, appelé aussi "Chemin de Stevenson", réalisé pour ma part en 2013​. Je m’arrête quelques instants pour admirer le paysage au niveau d’une sépulture préhistorique et d’un menhir. Là, je rencontre 2 jeunes femmes avec lesquelles j’échange quelques mots. Je quitte le GR® 70, qui lui part sur Saint-Germain-de-Calberte, et je continue par une large route forestière, le plus souvent en sous bois. Je peux apprécier à nouveau les falaises du Causse Méjan avant d’arriver au col des Laupies. Au col des Abeilles (1009 m), je monte jusqu’au point de vue indiqué (et ça vaut le coup !), puis je sors un peu du GR® pour prendre l’ancien tracé juste en dessous et profiter ainsi de panoramas magnifiques sur Saint-André-de-Lancize. Plus loin, j’entends un sanglier qui détale dans le fourré. Comme je suis aux Ayres à la mi-journée et qu’il n’y a plus de gîte (depuis de nombreuses années), je fais le plein d’eau et je continue par une draille qui monte fortement. Plus loin, j’admire de magnifiques cairns, énormes. Les plaques de schiste par terre, à la surface satinée et brillante, proposent avec le soleil un grand spectacle naturel couleur argent. J’arrive au col  de Prentigarde et son panorama à couper le souffle : le col de l’Asclier où j’étais le 1er soir, le Mont Aigoual et bien sûr toutes les Cévennes. Grâce aux panneaux explicatifs, je sais ce qu’est une draille : un itinéraire de transhumance emprunté par les bergers et leurs troupeaux de moutons pour aller passer l’été dans les pâtures d’altitude. Après réhabilitation, elle est aujourd’hui partagée entre les troupeaux et les randonneurs. J’ai également l’explication de la présence du schiste : le soulèvement de l’extrême sud-est du Massif Central granitique (Mont Lozère) a provoqué l’enfoncement du schiste dans les vallées cévenoles. Après plus de 9 h de marche, je me pose dans un petit coin de verdure, idéal pour la tente. Pas de point d’eau, dommage ! Au menu, hachis parmentier et pâte de fruit.

Jour 4 : Intersection GR® 44B - Anduze

24 km, 1210 m de dénivelé -, 7 h de marche

Les oiseaux me réveillent de bonne heure. Tout est moite dans la tente (crasse du bonhomme et rosée du matin). Après un bon petit-déjeuner, je commence à marcher à 6 h ½. J’aperçois quelques moutons dans un champ. Ceux-là n’ont pas dû faire partie de la transhumance dans les montagnes de Lozère. Eh oui, dans le Gard, il fait trop chaud ! Je fais un brin de causette avec 2 messieurs occupés à nettoyer les abords de la route, à titre préventif, pour lutter contre les incendies. Après plus de 1 h ½ de route carrossable, je bifurque et monte une draille. La monter, c’est rien. Mais la descendre, c’est impressionnant. Il vaut mieux avoir de bonnes chaussures et le sens de l’équilibre. Je décide de sortir quelques instants du GR® pour aller demander de l’eau à Audibert, hameau dépendant de Mialet, une des communes les plus étendues du Gard. Du coup, je suis de nouveau sur "le Stevenson", à 5 km de Saint-Jean-du-Gard. Et là, je fais la connaissance d’une dame d’un certain âge, charmante, une vraie encyclopédie sur les Cévennes, l’Office de Tourisme à elle toute seule ! J’apprends plein de choses : que la vie dans les Cévennes était très dure ; que la priorité, surtout pour les animaux, était l’eau. D’où les mas près des sources. Les plafonds étaient bas parce que les cévenols étaient petits… Cette dame me fait visiter sa maison avec toutes les explications nécessaires (la cheminée, la réserve d’eau…). J’apprends enfin l’histoire des fours à chaux, car ici, il n’est pas question de ciment. A noter : le gîte du mas Audibert est maintenant fermé. Encore un ! Je me décide à repartir et m’aperçois qu’au croisement des GR® 67 et 70, aux Aigladines, il y a un beau robinet d’eau destiné aux randonneurs. Un panonceau explique que je suis à l’une des entrées sur les Causses et les Cévennes, reconnus par l’UNESCO, au titre de l’agropastoralisme méditerranéen. Je descends ensuite jusqu’au Gardon que je traverse par le Pont des Camisards (construction commencée en 1714), sur les conseils de la dame rencontrée plus tôt. Je retrouve ensuite le nouveau tracé du GR® en évitant Mas Soubeyran. Dommage pour le musée sur le protestantisme, ce sera pour une autre fois. Les cigales m’accompagnent en arrivant à Corbès, après une belle grimpette et la grotte de Valaurie. Après le "jardin clos", ensemble architectural de 1774, je traverse à nouveau le Gardon, passe devant tous les campings du coin, évitant ainsi la bambouseraie, et arrive enfin à Anduze à 13 h 30, après 3 jours ½ de dur labeur. Après une bière bien méritée, je rejoins le gîte d’où je suis parti 4 jours avant, et Sébastien qui n’en croit pas ses yeux. Il faut dire que ce GR® se fait généralement en 6 jours.

 

Gîte d'étape d‘Anduze, Sébastien et Henriette

11 rue du Luxembourg 30140 Anduze, 04 66 61 70 27, 06 43 69 22 03

gite-etape-anduze.com, gr67.com, gite.etape.anduze@orange.fr

Vous pouvez y aller les yeux fermés, des gens très gentils et compétents, une cuisine au top et en abondance, des chambres calmes avec literie confortable. Et une multitude de conseils pour réussir votre randonnée.

 

Juste quelques mots sur Sébastien, le responsable du gîte d’Anduze. Si le GR® 67 existe encore, c’est surtout grâce à lui et à tous ses efforts pour faire connaître ce sentier de grande randonnée (site Internet, flyers…). Il propose également des prestations sur mesure, avec devis,  comprenant par exemple les hébergements, le transport des bagages… Tant pis pour sa modestie, mais question cuisine, vous n’aurez pas affaire à un débutant : son métier l’a amené à se déplacer à la Réunion, Etats-Unis, Grèce, Mont Blanc (refuge du Goûter)…

Dénivelé + : 3500 m

Dénivelé - : 3500 m

Altitude maxi : 1165 m

Distance : 125 km

Conclusions

J’ai trouvé ce GR® 67 plus sportif que d’autres. Il n’est donc pas permis à tout le monde. Même en 6 jours. Le sentier est varié : du macadam au pierrier, en forêt ou carrément à découvert. Mais le plus dur, ce sont les drailles, souvent pentues.

Concernant le balisage, je tiens à souligner l’excellent travail réalisé par les bénévoles. Je n’ai sorti le GPS qu’en peu d’occasions, et encore juste pour me rassurer.

Question météo, et après mes deux derniers treks un peu humides (Cotentin et Cantal), j’ai eu 4 jours de soleil intense. Je vous assure que ça joue sur le moral quand on marche, comme moi, tout seul.

Bref, j’invite tous les randonneurs à découvrir, si ce n’est déjà fait, les Cévennes par ce GR® 67 et pas uniquement par "le Stevenson". D’ailleurs, pourquoi une telle différence de traitement. Le GR® 67, le parent pauvre de la fédération de la randonnée pédestre ?

 

Après ce trek, j’ai eu envie d’en savoir un peu plus sur les Cévennes. Voilà ce que j’ai trouvé d’intéressant sur Internet :

Les Cévennes sont une montagne d'une nature âpre, cloisonnée, assez pauvre, sèche, d'influence méditerranéenne avec cependant des conditions très rudes en hiver. De fait, la géographie naturelle a imposé l'existence de communautés autonomes, vivant pendant très longtemps exclusivement de la châtaigne, de l'élevage ovin ou caprin, de la vigne dans les secteurs mieux exposés. Pourtant, en dépit d'accès malaisés, les Cévennes ont été souvent marquées par des passages extérieurs, voire des invasions. On en connaît les vicissitudes historiques récentes et les plus marquantes : l'emprise protestante dans une région alors dominée par le catholicisme, la résistance farouche opposée aux dragons de Louis XIV avec la révolte des Camisards (1702-1709), la survivance d'un culte protestant célébré clandestinement dans les vallons, grottes et forêts. Cette résistance à l'oppression (et à la centralisation) se poursuit quand de nombreux jeunes refusent l'enrôlement sous l'Empire de Napoléon et se cachent avec la complicité des populations. Déjà, dans le passé, les Cévennes sont une terre de résistances. 

Source : museedelaresistanceenligne.org

Commentaire de Christophe R. (Facebook), le 23/06/2018

Eh bien tu portes bien ton nom ! À quoi tu tournes ?

Commentaire de Éric V. (Facebook), le 23/06/2018

Alors le bivouac en pleine nature ? C'est pas si mal, hein...?

Commentaire de Marie V. (Marietouzazim), le 28/06/2018

Bravo pour ce beau périple et ce reportage complet sur une région assez peu connue. Tes photos sont superbes et laissent imaginer de beaux moments de sérénité et de connivence avec la nature. Merci du partage et requinque toi bien pour la suite ! 

Commentaire de Sébastien (gîte d'étape d'Anduze), le 28/06/2018

Bravo pour ta performance, le site et tous les compliments en un minimum de temps !!! Nous sommes très contents d'avoir contribuer à cette belle randonnée et de t'avoir rencontré. Faire le GR® 67 en moins de quatre jours, pas beaucoup de marcheurs en sont capables... Chapeau ! Merci beaucoup pour ta contribution au "Tour des Cévennes". A bientôt.

Commentaire de Dominique G. (Facebook), le 28/06/2018

Bravo et photos magnifiques !!!

Commentaire de Marie-Laure H., le 29/06/2018

Tu vas trop vite, pas le temps d'aller tout voir. C'est pas encore les vacances !

Commentaire de Michel F., le 29/06/2018

Hello Bruno, beau reportage. Le GR® 67 cela me ramène trente ans en arrière, la montée de Vallerauge au Mont Aigoual sous la chaleur, dur dur. J'espére que tu as gardé de l'essence dans le moteur pour la semaine prochaine.

Commentaire du gîte d'étape / camping "La croisette", le 30/06/2018

Merci de votre passage chez nous et vos commentaires sur le GR® 67, il vaut la peine d’être connu. A bientôt.

Commentaire de Jacques R., le 02/07/2018

Encore un acte de bravoure par ces chaleurs intenses.

Comme vous avez tout lu jusqu'à la fin, je vous offre quelques minutes de détente : la vidéo des meilleurs moments de ce GR® 67.

Pour des images plus grandes, cliquer sur la galerie et utiliser les flèches du clavier :-)

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